Son éducation a été « plutôt aléatoire », dévoile-t-il en sirotant une tisane dans un studio de postproduction dans le centre de Londres. Né dans la capitale britannique, il a grandi au Nigeria et a passé Noël et les vacances d’été d’un côté et de l’autre, ainsi qu’à New York où vivaient un frère et une sœur plus âgés.
« Mes parents adoraient la musique », raconte-t-il, ajoutant qu’ils visitaient souvent à Lagos le sanctuaire du pionnier de l’afrobeat et activiste politique Fela Kuti, qui ferait plus tard l’objet d’un documentaire saisissant de Davies, « One Day Go Be One Day ». Ses parents géraient également une maison de disques qui servait d’intermédiaire pour les artistes américains introduisant leur musique au Nigeria. « [Les maisons de disques aux États-Unis] savaient que le Nigeria était un pays très intéressé par la musique », explique-t-il. « Et de temps en temps, des artistes se rendaient sur place. Ma mère et mon père ont reçu Stevie Wonder. Dans notre maison, il y a des photos de lui entouré d’un très grand nombre de personnes. »
En plus d’accueillir des superstars de passage, le foyer des Davies était baigné de sonorités inspirantes. « Pendant ces années d’apprentissage, j’étais comme assailli par différents types de musique » ; Akinola se souvient du gospel méthodiste et pentecôtiste que sa mère écoutait, de l’omniprésence de Michael Jackson, des jingles de la télévision nigériane, et du rap et du R&B des années 90.
Son immersion musicale s’étendait bien au-delà des murs de sa maison. « Dans la culture nigériane », explique Akinola, « la musique est avant tout communautaire et festive. Il y a des animateurs dans les mariages, les anniversaires et les enterrements. Et dès que des personnes arrivent ou quittent le rassemblement, les animateurs les saluent en chantant, pour les honorer d’une certaine manière ». Il poursuit : « Un grand nombre de ces chansons sont vraiment ancrées dans la narration. Soit elles sont improvisées dans l’instant, soit les musiciens connaissent une partie de l’histoire des personnes invitées à un événement précis, ils doivent donc bien s’informer en amont... Avant d’emménager définitivement au Royaume-Uni, je n’avais pas réalisé à quel point ce fondement culturel était spécial et unique ».
Mais c’est le hip-hop, et une chanson en particulier, qui a vraiment révélé à Akinola toute la puissance apportée par la musique à la narration. En 1996, 2Pac a enregistré un titre lors d’une session d’improvisation : « Hit ’Em up ». Akinola se rappelle « de la passion, du vitriol et de la colère – je n’avais jamais rien entendu de tel ». C’est alors qu’il a pris sa décision : « Quelle que soit cette musique, je veux suivre cette voie et en faire partie ».
Lorsqu’Akinola est parti suivre sa scolarité en internat, sa mère lui a offert une « petite chaîne stéréo » qui lui a permis d’écouter des artistes comme Aaliyah, Monica, Stereophonics, Green Day et Baz Luhrmann. Il s’est composé un répertoire éclectique à mesure qu’il courait après « presque tout ce qu’on pouvait trouver en termes d’appareils de musique ». Avec le temps, le happy hardcore, le drum and bass et le hip-hop se sont glissés dans sa playlist, les minidiscs sont devenus des iPods et les casques audio ont perdu leur fil. En tombant dans la réalisation de films, il s’est procuré un enregistreur de terrain Marantz et a commencé à expérimenter avec le son. Plus il travaillait sur la matière sonore, plus il se sentait devenir exigeant. « Je n’aime pas le son plat, même pour une chanson pop », admet-il en évoquant ses rituels d’écoute, « la musique n’est tout simplement pas faite de cette manière ».